oui, l'aplomb fait beaucoup. une bonne paire de basket et/ou une paire d'amis musclés et compétent, aussi.
plus vicelard, un compagnon sans baskets, sans compétence, sans muscle.
quel intérêt ?
un ami à qui tu peux facilement attribuer des propos maladroits que tu as tenu
plus généralement, et pour revenir à la question de la bonne assimilation des règles par tous, j'aimerais évoquer le code la route. non pas dans son approche toute franchouillarde, lorsqu'il ne vaut que pour les autres, mais plus précisément, à travers des théories contemporaines. Nodiem - et d'autres plus haut - disent juste : une bonne assimilation des règles par 100% des participants (orgas compris) est une utopie. ne serait-ce qu'à cause de la fatigue physique, des oublis, des substances alcoolisées, du stress, etc... en toute bonne foi, parfois le plus honnête des joueurs oublie, confond ou doute.
ce que je vais évoquer à présent, je m'en rends compte comme j'organise mes idées, aurait plus sa place sur un forum orga, et de toute façon ne correspond pas forcément à la culture ludique en vigueur chez les Joyeux Chaotiks. donc, ça n'apporte pas grand chose au débat si ce n'est une perspective plus élevée. mais bon, disons que c'est une contribution personnelle et toujours plus constructve que simplement se plaindre.
Approche
française de l'espace ludique :
pour être sûr que toutes les situations de jeu soient gérées convenablement et sans léser personne, l'espace ludique est largement et lourdement réglementé. une signalétique parfois confuse est mise en place. rien n'empêche toutefois en pratique des contrevenants de violer les règles en vigueur, si ce n'est la crainte d'être expulsés du "pacte ludique", c'est à dire d'un groupe donné dont le point commun est justement de jouer - prendre du plaisir - avec les mêmes règles. cercle vicieux : un joueur qui ne prend plus plaisir à jouer, quelle que soit la raison de son déplaisir, est tenté de tricher ou de contrevenir aux règles, puisque par son déplaisir il subit déjà la sanction.
cette approche, je le crois, est celle des Joyeux et de la plupart des assos françaises.
Approche
néerlandaise de l'espace ludique :
aussi appelée théorie de l'espace partagé. le concept de base est de contrandre chacun à un bon comportement, respectueux des règles, spontanément pertinent et efficace, par la démonstration constante que l'autodiscipline entraîne l'harmonie tandis que l'intérêt personnel entraîne le chaos. corollaire : pas de règles explicites, le bon sens et la situation d moment priment. pas de signalétique, puisque pas de règles permanentes. pas de sanction exercée ni par le groupe ni par un tiers/une autorité : les contrevenants se punissent eux-mêmes en subissant une situation conflictuelle / improductive là ou tout n'était qu'harmonie et synergie. malgré ses airs new age, cette théorie appartient en fait au champ théorique ultra-libéral, les familiers de la déreglementation et de la théorie du marché auront reconnu des traits familiers.
cette approche n'est pas applicable au GN dans la mesure ou des personnages antagonistes doivent défendre chacun leur beurre. idem pour l'aspect simulation. le combat, situation conflictuelle, improductive et chaotique par excellence, n'a pas sa place dans l'espace partagé. en fait, cette théorie est plus facilement applicable (!) dans la vrae vie que dans un GN. dans la vraie vie, personne (sain d'esprit) ne recherche le conflit !
Approche
scandinave de l'espace ludique :
comme souvent, basée sur un pragmatisme évident. le postulat est le suivant : 100% des humains qui composent une communauté / coexistent dans un espace commun ne respecteront jamais à 100% les règles qui le régissent. le 1% de contrevenant suffira à semer le chaos par contagion. l'espace / la communauté doit donc etre conçue pour ne pas laisser s'exprimer le 1% délinquant.
ça a l'air fachisant, mais en fait c'est plus futé que ça.
dans la circulation routière, ça donne ceci :
plus de panneaux de signalisation
plus de marquage au sol
plus de limitation de vitesse
mais :
des revêtements spéciaux qui limitent la vitesse au niveau souhaité dans les endroits dangereux
des obstacles physiques (murs) qui séparent les deux voies et rendent les dépassements à risques impossibles
l'assujettissement des constructeurs automobiles à un cahier des charges draconien en matière de freinage et de vitesse maxi comme condition
sine qua non à la vente des modèles concernés sur le territoire
dans le GN, comment transcrire ça ? transformer un environnement de jeu en décor 100% safe n'est pas possible (en fait si, mais ça fait des GNs à 3000 € par tête)
par contre, concevoir des règles de jeu qui ne puissent pas être contournées, oubliées ou mécomprises, c'est possible. j'ai plusieurs exemples de systèmes de règles à citer, mais c'est fastidieux d'expliquer ça par écrit sans l'expérimenter vraiment.
on retrouve toutefois des points communs : les règles et les personnes/objets qu'elles concernent sont "WYSIWYG" : "What You See Is What You Get", telles que vous les voyez. plus de subterfuge à base de grilles à colorer, de labyrinthe à ou d'énigme à élucider pour forcer une serrure. en lieu et place de la signalétique, on trouve une serrure. une vraie. et démerdez vous pour crocheter. (mais rien n'empêche l'organisation d'avoir sélectionné des serrures faciles à crocheter de d'avoir formé ses voleurs à le faire).
tout n'est pas "convertible" WYSIWYG, notamment la magie (ahah*) et dans une certaine mesure, le combat : dans le fond, qu'est-ce qui empêche Jean-Robert, 1,40 mètre, 17 ans, 42 kilos tout mouillés, lunettes bifocales progressives, de jouer TATHOR, le puissant prince barbare qui tape fort et encaisse tout ? rien. (à part la dignité et la crainte du ridicule). encore une fois, l'approche scandinave : aux responsables d'organiser des GNs / de modeler l'espace sans Jean-Robert, sans prince barbare, sans système de combat abusable, avec un casting préalable.
c'est sans doute l'approche la plus couteuse en temps de travail en amont du GN. c'est aussi la plus satisfaisante d'un point de vue du rôleplay. les règles, en effet, sont à ce point "intégrées" dans le décor qu'elles servent l'immersion dans l'ambiance plutôt que de la rompre. Tathor, s'il existe, sra incarné par un joueur qui en aura les moyens et le physique. Et là, pas besoin de règles pour gérer l'intimidation : c'est clair que vous prendrez cher en pissant sur les bottes à Tathor.
revers de la médaille : ça ne permet pas de proposer n'importe quel type de GN, ni avec n'importe qui. mais l'élitisme est-il vraiment un défaut ? autre débat.
*en fait, en pratique, je peux me démerder pour faire une boule de feu. mais soit ça me pète dans mes doigts à moi... soit ça envoie quelu'un à l'hosto et moi en taule, donc on s'abstient.