Pour vous donner une idée de l’ambiance du GN "1227 Année hérétique", voici quelques litanies et suppliques murmurées plus ou moins recensement sujet de la petite bourgade de Mont-Rocailles :
"Paris, hiver de l'an de grâce de notre seigneur Jésus Christ 1226 Mon bien cher frère, je suis enfin arrivé en la capitale. Le voyage a été laborieux pour ce retour de pèlerinage depuis Saint Jacques de Compostelle. J'ai découvert bien des choses encore, notamment en traversant les sublimes paysages des pays de langue d'Oc. Grâce à la Vierge et à tous les Saints de m'avoir permis à moi, simple laïc et pauvre pécheur, d'avoir pu admirer d'aussi beaux pays. En Quercy par exemple, entre Toulouse et Montauban, il me fut donné d'admirer la cité diocésaine de Mont-Rocailles. Ce petit évêché demande bien du courage pour y parvenir, car il est haut perché au dessus des vignobles et des bois touffus. Mais quelle merveille ! Quand je pense que tant de joyaux architecturaux de cette région étaient aux mains de ces suppôts de Satan que sont les Cathares !! J'espère que la croisade décrétée par feu notre bon roi Louis VIII, Dieu ait son âme, aura raison de cette engeance maudite. Mais je reviens à mon propos ; Mont-Rocailles est, grâce à la volonté de Saint Georges et Saint Michel, une modeste cité fidèle à la parole de notre Sainteté le Pape. J'ai pu y croiser des nos bons Templiers mais aussi découvrir une charmante église où il est très plaisant de pouvoir chanter des psaumes et des louanges à la Gloire de notre sauveur Jésus-Christ et de sa Sainte Mère, Marie mère de Dieu bénie entre toutes les femmes ! Il y a là encore un monastère avec son hospice pour accueillir les indigents. Bref Mont-Rocailles est vraiment une cité calme et charmante où j'aurais plaisir, je pense, à terminer paisiblement ma vie. Je compte donc m'y installer prochainement sans doute au printemps de l'an de Grâce 1227, mes affaires expédiées en cette cité parisienne qui me désole, même si le feu roi Philippe-Auguste y a commencé à faire paver certaines chaussées. J'en ai vraiment assez de toutes ces guerres féodales qui déchirent les pays de langue d'Oïl. J'espère que de ton côté tout va bien et que ta Berthe te donnera enfin un fils. Ton frère ainé Eudes qui attend de tes nouvelles."
-------------------- " Seigneur pardonnez mes péchés ! J’ai fauté et voila que j’entends poindre les chants lugubres du malin qui vient pour arracher mon âme ! Il rode. Il glisse dans la nuit. Je sens sa présence jusque dans l’obscurité de ma modeste demeure. L’ombre de ses griffes plane sur moi. L’odeur abjecte des abysses emplit mes naseaux. Seigneur pardonnez mes péchés ! La chaire est faible, j’ai bravé les interdits sacrés. Je n’aurai pas du. Je n’aurai pas du. Je me repens Seigneur. Je le jure. Pitié, sauvez mon âme de la damnation éternelle. Sauvez mon âme des tourments de l’enfer Seigneur ! Je fais vœux de pénitence de tout mon cœur. Seigneur pardonnez mes péchés !"
-------------------- " Six jours qu’il était pendu là au soleil. Six jours que les corbeaux noirs picoraient les yeux et les chairs du cadavre du pauvre bougre. Six jours que l’odeur nauséabonde de ce corps en décomposition empestait tout le quartier. « Pour l’exemple » qu’ils avaient dit ! Tu parles d’un exemple ! Pendre ce malheureux pour avoir volé du pain pour nourrir les siens ! Tu parles d’un exemple ! Et voila qu’ils s’afférent à vite le détacher et cacher le cadavre alors qu’arrivent des étrangers ! Ils n’ont donc aucune morale ! "
-------------------- " J’ai encore fais ce même rêve ! J’ai encore entendu ces sombres litanies morbides s’élever dans les cieux. Encore et toujours ces sombres oiseaux qui volaient en cercle au dessus du village. Encore et toujours ces hurlements lugubres déchiraient la nuit. Le diable joue de mon âme. Je suis damnée. Les décoctions de la vieille femme ne m’aident pas à trouver le calme et le repos. Que vais-je devenir ?! "
-------------------- "Dans l'orageuse nuit pleine d'enchantements, À la voix des sorciers il se métamorphose, Le cher dieu du Désir, l'Éros à l'aile rose, Qui fleurit de baisers les lèvres des amants.
Il devient noir, hideux, ailé d'ailes crochues, Du sang aux yeux, du sang aux dents, du sang aux doigts ! Un feu rouge et fumeux de pétrole et de poix Coule sinistrement sur ses formes déchues.
De masure en masure il s'élance en hurlant Et sa flamme terrible allume au cœur sanglant Du pauvre, la Colère et l'Envie et la Haine.
Massacre ! Après l'émeute et le meurtre et le vol Et les châteaux brûlés s' écroulant dans la plaine, Le sang des insurgés abreuvera le sol." --------------------
"Le Seigneur fit pour moi des merveilles Saint est son nom Mon âme exalte le seigneur Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur! Il s'est penché sur son humble servante; Désormais, tous les âges me diront bienheureuse. Le puissant fit pour moi des merveilles Saint est son nom! Son Amour s'étend d'âge en âge Sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, Il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, Et il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, Et renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël, son serviteur, Il se souvient de son amour, De sa promesse faites à nos pères, En faveur d'Abraham et de sa race, à jamais. Gloire au Père, au Fils, et au Saint Esprit, Maintenant et à jamais Pour les siècles des siècles Amen!"
_________________ Mouss' "Il fuit: le temps fuit sans retour, tandis que nous errons, prisonniers de notre amour du détail"
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